Par Monica Berg
"La joie que l'on éprouve à donner de la joie aux autres est plus grande, c'est pourquoi il faut bien réfléchir au bonheur que l'on est capable de donner" - Eleanor Roosevelt
Le désir est un instinct universel ; nous en faisons tous l'expérience et, à tout moment, nous recherchons ou désirons quelque chose. C'est un fait, mais tous les désirs ne sont pas égaux. En termes kabbalistiques, il y a deux façons de classer nos désirs : le désir de recevoir pour soi seul, qui inclut tout désir purement centré sur soi, et le désir de recevoir pour partager. Ce dernier se rapporte à tout désir que nous avons et qui consiste à donner quelque chose en retour au monde.
Par exemple, deux personnes peuvent avoir le même désir d'écrire un roman. L'une d'entre elles rêvera de gagner le Pulitzer de la fiction et de devenir célèbre pour son talent. L'autre visualisera toutes les personnes qui pourraient trouver du réconfort dans son histoire de dépassement de soi. Un même désir, mais deux objectifs très différents, n'est-ce pas ?
La lumière du créateur - certains appellent cette lumière Dieu ou une puissance supérieure - a un désir abondant de partager et nos âmes sont composées de cette même lumière. Lorsque nous élevons notre désir jusqu'à vouloir recevoir pour pouvoir partager, nous nous alignons sur cette énergie. L'idée est d'être un donneur constant dans tout ce que vous faites, du plus banal au plus miraculeux. Ce qui est le plus important, c'est la conscience qui sous-tend le don.
Les kabbalistes nous enseignent que nous pouvons passer toute notre vie à faire ce qui est naturel et confortable pour nous et, à la fin de cette vie relativement sans douleur, nous penserons que nous avons accompli de grandes choses. Mais il s'agit d'une illusion, et c'est le premier endroit où nous pouvons commencer à élever ce que nous désirons dans la vie. Le désir d'arriver à la fin de notre vie indemne et avec le moins de souffrance possible peut sembler une cause louable, mais c'est l'antithèse de notre raison d'être dans le monde. Nous avons été conçus pour aller à l'encontre de notre nature, pour sortir de nos zones de confort et pour vivre et donner de manière extraordinaire.
La personne qui me vient immédiatement à l'esprit lorsque je pense à ce principe en action est Keanu Reeves. Il a eu une carrière d'acteur que beaucoup qualifieraient d'incroyablement réussie ; son nom est presque connu de tous. Il n'a pas remporté d'Oscar et il est rarement en couverture des magazines ou sur la sellette dans les talk-shows. Mais ce qu'il a fait est encore plus inspirant.
Lorsqu'il travaillait sur les suites de Matrix, il aurait négocié un accord qui prévoyait la distribution d'une fraction de son salaire aux équipes chargées des costumes, des effets spéciaux et de la conception, affirmant que leur contribution était tout aussi essentielle que la sienne.
Il est connu pour vouloir connaître le nom de tout le monde sur le plateau, a personnellement aidé des membres de l'équipe à traverser des crises familiales et a accepté des réductions de salaire afin d'aider à consolider la production de films tels que L'avocat du diable et Le remplacement.
Après avoir déboursé près de 5 millions de dollars pour aider sa sœur à vaincre la leucémie, il dirige aujourd'hui une fondation privée de lutte contre le cancer destinée à aider divers hôpitaux pour enfants et à financer la recherche sur le cancer.
Il ne fait peut-être pas la couverture du magazine People's Sexiest Man Alive, il ne foule pas les tapis rouges et ne se prélasse pas sur des yachts, mais je le considère comme l'un des acteurs les plus prospères au monde parce qu'il a utilisé sa célébrité et ses moyens financiers inépuisables pour aider les autres.
Il n'est pas nécessaire d'être un acteur célèbre ou d'avoir une fortune exorbitante pour donner de cette manière. L'élément crucial pour tout donateur est l'énergie que le cadeau lui procure. Le partage transformateur n'est pas défini par l'argent ou le temps, mais par le fait d'aller à l'encontre de nos habitudes et de nos instincts afin d'atteindre notre véritable objectif.
Un simple inventaire personnel suffit à remonter à la racine de nos désirs. Des questions telles que :
- Est-ce que je veux voir mon nom gravé au-dessus de l'entrée d'un bâtiment ?
- Est-ce que je veux simplement me sentir comme une bonne personne ?
- Est-ce que cela a pour but de favoriser ma croissance ou est-ce que cela ne le semblera qu'aux autres ?
Élever notre désir signifie transformer notre façon de partager, donner en dépit de notre confort, et même donner quand nous le voulons le moins. Les kabbalistes pratiquent ce type de partage parce qu'ils ont compris que la façon la plus sensée de promouvoir nos propres intérêts, de trouver notre propre liberté et d'entrevoir notre propre bonheur n'est souvent pas de poursuivre directement nos objectifs, mais de chercher des moyens de soutenir les intérêts des autres - d'aider les autres à se libérer de la peur et de la douleur, et de contribuer à leur bonheur.
Quel que soit votre désir, vous devez d'abord développer le désir de partager de manière radicale. Pour passer à ce partage transformateur, il faut commencer par une action inconfortable, quelque chose qui offre un niveau de défi - qui va à l'encontre de ce qui est confortable pour vous dans votre vie quotidienne. Par exemple, si quelqu'un donne des millions à des œuvres caritatives tout en traitant ses employés de façon terrible au quotidien, le changement pour lui ne consistera pas à donner davantage mais à pratiquer la gentillesse sur son lieu de travail. Une personne qui est gentille et généreuse avec ses amis et sa famille, mais qui hésite à donner à un sans-abri, peut s'entraîner à donner dans ces moments où elle jugerait autrement.
Il va sans dire qu'il est agréable de partager, quoi qu'il arrive. Mais la véritable croissance ne se produit que lorsque nous donnons de nous-mêmes d'une manière qui nous met mal à l'aise. Lorsque nous construisons nos désirs autour de la façon dont nous pouvons donner plus de nous-mêmes, nous passons d'un désir basé sur l'ego à une vie avec un but. Parce que grâce à ce mode de partage, vous connaîtrez encore plus de joie et d'abondance dans votre vie, un sentiment d'accomplissement personnel plus fort, et le sentiment profond de gratitude qui vient du fait que vous illuminez les autres par votre générosité. Lorsque nous donnons aux autres, nous nous donnons à nous-mêmes. Le manque devient obsolète.
DE LA PENSÉE À L'ACTION
Qu'attendez-vous de la vie ? Comment pouvez-vous élever ce désir en cherchant des moyens de transformer votre partage ?
